Pourquoi mon enfant ne progresse pas en lecture ?

Ce qui pose problème aux élèves ?

Pour apprendre à lire, de nombreux enfants rencontrent des difficultés et bénéficient d’un suivi orthophonique. Cependant, cette prise en charge ne suffit pas toujours pour un grand nombre d’entre eux. Cette situation suscite des interrogations chez les parents. L’augmentation de ces difficultés de lecture soulève également de vives préoccupations au sein du Ministère de l’Éducation Nationale.

De plus en plus utilisée dans nos classes, la « lecture chronométré » est une pratique pédagogique désormais courante. Lors de mes séances, j’ai pu constater les effets de cette pratique et l’impact concret de cette approche chez les élèves que j’accompagne pour une prise en charge au niveau de la lecture.

Ce qui est immédiatement observable, c’est une angoisse qui s’installe très rapidement chez les élèves lorsqu’il s’agit de lire en un temps donné ou en mesurant le temps. D’autant plus que ces élèves ont déjà des difficultés et traumatismes concernant la lecture.

De ce fait, cette pratique peut être un obstacle aux apprentissages dans la mesure où elle est une source de stress. Puisque les élèves se retrouvent à devoir gérer  une anxiété liée au chronomètre en plus de leurs difficultés.

J’ai pleinement conscience qu’on nous demande, à nous enseignants, d’évaluer les élèves par rapport au débit de mot par minute. Néanmoins, ce n’est pas une modalité d’enseignement mais un outil d’évaluation. Avec cette pratique, les élèves sont constamment en situation d’évaluation, même ceux qui ne sont qu’au stade du déchiffrage.

Comment travailler la lecture ?

C’est pourquoi, lorsque j’accompagne ce profil d’élève, je range mon chronomètre, mes sabliers. Je constate alors qu’ils se sentent très vite plus confiants. Les élèves arrivent davantage à se concentrer : ils déchiffrent plus facilement leur texte ou leur liste de mots. Par ailleurs, ce sont des élèves qui sont pour la plupart au stage du décodage, il est tout d’abord nécessaire de s’assurer qu’ils connaissent les différentes correspondances graphophonétiques.

Bien évidemment, l’objectif final étant la lecture fluide en automatisant le décodage. Je mesure l’importance de travailler la rapidité de la lecture. Toutefois, la fluence se travaille petit à petit. En parallèle, il est essentiel de travaille la précision, en mémorisant et en s’entrainant sur la prononciation des mots fréquents et des mots particuliers. Il convient aussi de s’exercer sur l’expression, en passant notamment la théatralisation.

Et puis, on travaille la rapidité : dans un premier temps sans chronomètre, à partir de liste de mots ou des textes courts. Il faut fournir des stratégies de réussite aux élèves. Un entrainement au niveau de la vision, du regard est indispensable. En élargissant la « vision nette » (de l’empan perceptif), on diminue les points de fixation et ainsi on emmène progressivement l’élève vers une lecture rapide. Chez l’élève qui décode, la vision dite « floue » est trop importante parce qu’il se focalise davantage sur les lettres et les syllabes (quantité fixe et limitée de RVA ressources visuo-attentionnelles).

Puis seulement dans un second temps, nous pouvons commencer à s’entrainer en mesurant le temps pour les élèves qui sont dorénavant de très bons décodeurs voire des lectures autonomes, afin d’évaluer et de mesurer leur progression. Et c’est dans ce cadre-là que nous pouvons travailler les retro-saccades (retours en arrière) pour vérifier un mot, corriger une erreur de décodage ou mieux comprendre le sens de la phrase, du texte.

Il est important de noter qu’on travaille la rapidité à partir de textes courts afin que l’élève puisse atteindre leurs objectifs, dans le but qu’il prenne confiance et motivation. Une pratique regrettable que l’on peut malheureusement encore observer dans les salles de classe est de fixer un temps limite. Et puis d’arrêter l’élève en pleine lecture s’il vient à dépasser ce temps : on se retrouve, hélas, avec un élève qui ne va pas au bout de sa lecture.

Aussi, et je finirai là-dessus, une lecture rapide ne garantie pas une bonne compréhension. C’est pourquoi, dans le cadre d’un enseignement explicite, il est essentiel de préciser la finalité : « pourquoi j’apprends à lire ? ».
Et de faire apparaître clairement l’objectif de la lecture :
– « Est-ce qu’on lit pour apprendre les sons ? » ;
– « Est-ce qu’on lit pour comprendre ? » ;
– « Est-ce qu’on lit juste pour le plaisir  ? ».

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  • Dernière modification de la publication :juillet 25, 2025
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